Parenthèse ensoleillée mais pas que !

Le 9 janvier, on décolle pour une parenthèse soleil, destination Cuba ! Florent doit y donner des cours de kitesurf pour des clients de l`école d`Arthur (le patron de Florent pour cette saison hivernale).
Comme nous ne sommes pas adeptes des hôtels « tout inclus », nous avons choisi d`arriver une petite semaine avant pour découvrir La Havane à la mode backpack qui nous correspond bien mieux. Donc au programme : du 9 au 16 visite de la capitale puis vol intérieur jusqu`à Cayo Coco pour rejoindre toute l`équipe dans un hôtel de Cayo Guillermo (du 16 au 24) où un spot magnifique nous attend puis retour par vol intérieur sur La Havane et dernière nuit avant le vol retour pour Montréal le 25.
Nous avions réservé dans une auberge de jeunesse…finalement le soir de notre arrivée tardive, la gérante du lieu n`a pas connaissance de notre réservation et de toute façon ils sont complets !

 
On est direct dans le bain cubain où notre espagnol assez douteux nous fait déjà défaut. Rien de bien grave, cette auberge appartient à une même famille qui en a 4 autres à proximité. Petit trajet en pousse-pousse vélo et on arrive à notre nouvelle maison. Il faudra attendre encore jusqu`à 2h du matin pour avoir un lit mais qu`importe on est à Cuba ! Nous passons donc les 5/6 prochains jours à visiter…sous la pluie… Pas un seul jour de beau temps pour admirer les belles couleurs de maisons dans la rue, à peine une éclaircie pour en deviner la beauté.
Nous trouvons la ville très bruyante et sale mais il y a de belles surprises d`architectures et d`œuvres de rue. L`auberge se situe au cœur d`un quartier populaire où l`on croise (que) peu de touristes en dehors des autres jeunes backpackers. D`ailleurs on formera un bon groupe sympathique et international, avec lequel on ira festoyer quelques fois. Inutile de vous parler de la partie gustative, gastronomique et culinaire de Cuba, elle est quasi inexistante en dehors des pizzas ou pâtes que l`on mange dans les « caféterìas » locales (sortes de fenêtres ouvertes sur la rue où des locaux préparent des pâtes, pizzas, pains, sortes de burgers ; on y mange dans des assiettes ou papiers debout dans la rue) ; compte tenu de notre petit budget et du peu de temps à passer on s`est contenté de ce mode d`alimentation.

La bonne nouvelle est que le rhum est moins cher que l`eau en bouteille hors de prix, la moins bonne est que l`eau n`est pas potable donc je vous laisse imaginer notre choix !
Les voitures cubaines sont telles qu`on les voit dans les films et se transmettent de génération en génération, véritable richesse de l`héritage du passé. La ville porte encore bien les marques de son histoire si particulière surtout sur l`aspect militaire. C`est quand même un sacré mélange où les époques se mêlent ; on croise aussi bien des calèches tirées par des chevaux qu`un effort visible de modernisation. Les cubains ont un peu délaissé la salsa et autres traditions qu`on leur prête volontiers par envie de conformisme au monde moderne qui s`offre tout nouvellement à eux (d`après ce que certains locaux avec qui on a discuté nous ont confié).

Cuba n`a pas de réseau internet (chose que j`apprécie personnellement) ; cela donne lieu à des scènes assez surprenantes : autour de certains grands hôtels on peut y voir des attroupements de personnes ordinateurs et portable à la main qui tentent de capter le réseau de l`hôtel pour utiliser une carte internet qui se vend sur le marché noir ! Ils sont donc collés aux grilles ou assis par terre ordi sur les genoux ou en apesanteur pour aller « surfer dans le monde moderne » ou encore regarder des vidéos pornos en groupe (ça coute moins cher !). Nous, petit gens habitués au confort à l`occidentale, nous avons oublié le temps où internet ne faisait pas partie intégrante de nos vies (voire une partie intégrale pour les plus accros d`entre nous). Bonne petite piqure de rappel !
La ville est en pleine mutation et (à l`avenir) il y a beaucoup de projets immobiliers, d`hôtelleries et de lieux touristiques qui devraient voir le jour grâce à des investisseurs étrangers. Comme on peut l`imaginer cela crée des disparités assez visibles entre les endroits de la ville où le gouvernement a « fabriqué » une nouvelle ville (appelée ironiquement « le vieux Cuba ») pour accueillir les touristes qui descendent des paquebots en masse, c`est le beau côté visible de l`iceberg, celui qu`ils aimeraient surement qu`on retienne de Cuba. Et de l`autre côté, dès qu`on s`enfonce un peu dans la ville et qu`on dépasse les remparts, c`est la ville des cubains tels qu`ils sont dans leur quotidien, l`image est bien moins reluisante !
Leur réalité est aussi bien loin de cette abondance, la vie est assez chère surtout du fait des taxes exorbitantes que le gouvernement impose alors que les salaires sont misérables. En soit c`est un modèle de villes tristement banales mais quand on l`a sous le nez on a plus que le choix d`en prendre réellement conscience.

 
N`en reste pas moins un souvenir inoubliable de notre visite à La Havane : nous (le petit groupe international de jeunes) avons été invité à aller chez une mama cubaine (l`une des femmes locales en charge de l`auberge avec qui nous avons bien sympathisé). Pour notre dernier jour avant le départ à Cayo Coco, nous avons donc tous décider de passer l`après-midi chez elle. Elle nous avait dit habiter à quelques blocs de l`auberge ; finalement nous avons mis plus d`une heure à marcher à travers ville, traverser en bac pour arriver sur l`autre rive… en sortant du bateau nous avons été surpris par une pluie battante digne d`une onde tropicale !
Les pieds dans l`eau boueuse qui nous arrive au-dessus des mollets et qui ruisselle dans les rues totalement inondées en quelques minutes. On court comme on peut pour trouver la maison, déjà trempés jusqu`aux os. Quand on l`atteint enfin c`est son mari qui nous ouvre, elle était partie nous chercher sous cette pluie au débarcadère inquiète de pas nous voir arriver ; une mama je vous ai dit ! Après un essorage de nous-même plus ou moins efficace et l`arrivée de la mama, les présentations (faites) avec son mari et son plus jeune fils étant faites, on passe à la visite des lieux, et quelle visite ! Au milieu des fils électriques qui parcourent toute la maison il y a des sceaux positionnés un peu partout pour les fuites d`eau du toit, un sol quasiment pas carrelé, des toilettes au sceau, des choses par ci par là… Clou du spectacle, la machine à laver, vrai engin exceptionnellement luxueux au vu du reste créant l`immense fierté de ses propriétaires ! on y introduit donc le linge, un bout de savons dilué dans de l`eau au préalable, de l`eau avec une bassine, on branche au fil qui pend juste en dessus et c`est parti ! Pas de porte pour fermer alors c`est une vraie démonstration à « ciel ouvert » où la machine perd la moitié de son eau à cause des éclaboussures qui en sort et des bonds qu`elle accomplit ! Mais avoir une machine à laver c`est tellement un privilège alors qu`importe !

Nous avons passés l`après-midi à jouer aux dominos sur la table du salon où elle avait posé une bouteille de rhum. Florent et moi avons pensé à prendre le jeu de Uno, véritable partenaire pour créer du lien quelque soit la barrière de la langue et l`âge. De belles parties endiablées meublées de rires aux éclats. Après, nous avons eu droit à un repas comme on en avait pas encore mangé depuis l`arrivée ! Son mari étant coiffeur, Florent a eu droit (pas vraiment laissé le choix) à une super coupe (bien mieux que les miennes en tous cas !). Je lui avais apporté des couvertures et coussins que l`on nous donne dans l`avion pour la remercier de son invitation, elle s`est enveloppée dedans et nous a fait une petite danse de remerciement sur fond de musique à peine audible de la Tv (si on peut dire) à l`image trop discontinue pour y voir quelque chose. Comble de l`ironie, elle a voulu m`offrir une paire de boucles d`oreille, bracelet et collier assortis pour ME remercier… J`en étais très mal à l`aise mais son insistance et son « pour que tu ne m`oublies pas » ont fini de me convaincre non sans une certaine émotion.
J`ai tenu à lui offrir quelques uns de mes bracelets qui ont tous une signification particulière pour moi. Quel beau moment d`émotion et de partage. Pour moi c`était assez bouleversant. Nous avons échangé des photos après avoir immortalisé ces moments et nous avons pu transférer les photos prises sur l`ordinateur de son fils. Pour la peine elle nous a montré toutes ses photos de famille ! Nous avons tous voulu laisser un petit quelque chose au moins pour le repas mais impossible de la convaincre et ce rapport à l`argent n`était pas de bon ton. Le retour s`est fait de nuit et sous la pluie (quand même plus clémente) mais son fils et elles ont tenu à nous raccompagner jusqu`à l`embarcadère. D’ailleurs bien que les rues soient très sures à La Havane, son fils a voulu nous accompagner jusqu`à l`auberge.
Nous avons convenu de rassembler une petite somme pour lui offrir quelque chose. C`est le mexicain du groupe qui reste plus longtemps qui est chargé de lui remettre notre petit cadeau en main propre et discrètement à l`auberge car la propriétaire peu sympathique interdit que les employés parlent avec les clients alors imaginons un peu si elle apprenait le reste… Ça restera notre petit secret !